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Chmeck Tabback
5 septembre 2007

Georges Strass, joaillier de Louis XV

Les pierres de Monsieur Strass

Faux et usage de faux à Versailles au XVIIIe s.

Les "diamants" et pierreries du XVIIIe s., d'une richesse inouïe sous Louis XV, ont vivement contribué à faire de Versailles la Cour la plus brillante d'Europe. Pour autant, les bijoux de fantaisie y connurent également une vogue sans précédent, grâce notamment à l'ingéniosité d'un certain Georges Strass...

L'inventaire des diamants de la couronne établi sous la Révolution, en 1791, laisse rêveur : près de 10 000 diamants, 500 perles et 600 pierres précieuses diverses, d'une exceptionnelle grandeur, pour un total d'environ 25 millions de livres, soit plus de 100 millions d'euros actuels.

Pour autant, à partir des années 1750, la joaillerie dite de "fantaisie", connut une vogue immense par l'apparition d'imitations de gemmes. Madame de Genlis s'en indigne dans l'Esprit des Etiquettes : "le luxe, [au milieu du XVIIIe], prit un caractère imposteur et extravagant qui parut être à la portée de tout le monde, qui confondit tous les états, qui ne laissa rien de durable et qui, par le caprice de son inconstance, ruina toutes les familles."

Les fausses perles, dite "perles de Jaquin", étaient très utilisées depuis le XVIIe siècle. On en produisait essentiellement pour garnir les vêtements. C’est sous le règne Henri IV qu’un « patenôtrier » (fabricant d’objet de piété) de Passy, nommé Jaquin, sans doute influencé par la lecture de recettes antiques, remarqua que l’éclat des écailles d’ablettes évoquait l’orient des perles. Il en réalisa un concentré pâteux qu’il baptisa « essence d’orient » et fabriqua les premières imitations de perles. La perle d’imitation était alors constituée d’une sphère de verre creuse (la véritable innovation de Jaquin) obtenue par soufflage d’un tube fin, de sorte que l’épaisseur de verre soit faible ; l’essence d’orient était introduite par l’un des orifices, et répartie sur toute la surface interne de la sphère qui était alors emplie de cire blanche. Cette production se perpétua, notamment à Langeac (Cantal) jusque vers 1920, et c’est à son propos que nos ancêtres disaient qu’une perle fausse casse facilement, et glisse sous la dent, à la différence d’une perle fine.

La principale innovation du XVIIIe siècle est dûe à un joaillier alsacien, Georges-Frédéric Strass, dont la renommée, immense de son vivant, lui a survécu par l'anthroponyme devenu nom commun : le strass.

Né à Wolfisheim en 1701, Georges Strass travailla très tôt à l'élaboration de pierres d’imitation. Il obtint d’excellents résultats en travaillant à partir du cristal, ce verre au plomb conçu au XVIIe siècle en Angleterre. Il augmenta fortement la teneur en plomb du cristal, ajoutant également du bismuth et probablement de thallium (à l’époque considéré comme de déchets du plomb), augmentant à plus de 50% de la proportion de métal. Le résultat est plus dur que le verre, se taille et surtout possède d’excellentes qualités de réfraction de la lumière. Il en travailla la couleur par adjonction de sels métalliques, l’éclat en insérant dans la culasse une feuille de métal, d’argent ou de couleur, comme cela se faisait couramment pour les pierres précieuses. Ses pierres étaient si semblables, d’apparence, aux pierres précieuses, qu’elles reçurent l’appellation « simili », ou plus couramment « pierres du rhin », en raison de leur provenance alsacienne. Les anglo-saxons les désignent encore sous le nom de rhinestone.

Ce n’est qu’en 1746 que l’on commença à désigner ces pierres artificielles du nom de leur inventeur, Georges Frédéric Strass. Dès 1730, Georges Strass crée son propre atelier.

Sa renommée est telle qu’il est élevé en 1734 au rang Joaillier du Roi, et ses créations sont portées à la Cour. Les joailliers parisiens mêlent d'ailleurs habilement, et sans état d’âme, dans des compositions baroques de vraies pierres précieuses et des pierres de Strass.

Ce génial inventeur meurt le 22 décembre 1773, à la tête d’une fortune considérable.

Marie-Antoinette elle-même porte grand nombre de "strass" et de perles de jaquin, notamment sur ses vêtements. Madame Campan nous indique notamment que la commode de la chambre de la Reine aux Tuileries renferme « beaucoup de bijoux de fantaisie ».

Plus tard, dans la seconde moitié du 18ème siècle, on fabriquait toujours plus de faux bijoux mais cette fois-ci, le centre de fabrication était en Angleterre, et plus précisément à Londres et Birmingham où l'on fabriqua les plus beaux camées de l'époque : la vogue du Wedgwood commençait.

Ce texte figure, résumé, dans l'infolettre du site de Nicolas Cayrasso,  Aux Armes de France et de Navarrre. Elle est rédigée par Aymeric Peniguet de Stoutz. Vous êtes bienvenus si vous souhaitez citer cet article, mais n'oubliez pas le copyright.

Plus d'informations sur : http://www.armesdefrance.com

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